La grève du zèle pour les nuls

2 Janvier 2017

(publié le 30 avril 2012)

greve-du-zele
banksy©

mode d’emploi pour les fonctionnaires de police qui s’interrogent
explication pour les passants qui passent

En fait, c’est assez simple : laisser le flic de coté et devenir pleinement fonctionnaire.
Il s’agit de grève du zèle, pas d’une grève.
Doucement le matin, pas trop vite le soir.
Pour ça, il suffit juste de suivre à la lettre des règlements, notes de service et consignes que l’on a tendance à négliger.

Éléments de réponse pour gérer efficacement son zèle :
À chaque prise de service, faire soigneusement le tour du véhicule, et procéder à un certain nombre de vérifications. Prendre son temps, c’est important pour la sécurité des effectifs.
Contrôler tout ce qui pourrait occasionner une panne, et qui du coup nuirait à la continuité du service public (niveaux, etc) En cas de doute sur un point particulier, demander à collègue d’y jeter un œil à son tour.
Vérifier évidemment, tout ce qui serait susceptible d’être verbalisé s’il ne s’agissait pas d’un véhicule de police (clignotants, feux, pneus lisses, etc), et qui représente donc un danger pour soi-même et autrui.
Si la constatation est faite que quelque chose n’est pas conforme, rédiger aussitôt un rapport détaillé. Les services techniques auront besoin d’un maximum de précisions pour entreprendre les réparations adéquates.
Prendre son temps, on ne rigole pas avec la sécurité,
Ne pas hésiter à immobiliser le véhicule, et s’en faire attribuer un autre.
S’il reste un véhicule de remplacement disponible, réitérer les vérifications de la même façon sur celui-ci en application des notes de service et consignes en vigueur.

Quand tout est fait, prendre éventuellement la route pour patrouiller tranquille pépère, et respecter le code de la route comme un jour d’examen du permis de conduire.

Et bien sûr, respecter à la lettre et à la virgule tous les règlements d'emploi et consignes concernant les effectifs et la composition des équipages.

Ne pas prendre d’initiative particulière.
Pas de contrôles routiers, ni de contraventions.
Au pire, faire cesser l’infraction sans verbaliser, saluer aimablement le contrevenant, et passer son chemin.

N’intervenir que sur appel, et conformément au règlement, ne faire usage du gyrophare et du deux-tons qu’en cas d’attaque thermonucléaire, s’arrêter au feu orange, ne mettre une roue ni sur une ligne blanche, ni dans un couloir bus. Aucune urgence ne saurait justifier la mise en danger des fonctionnaires de police et des citoyens. 50 km/h en ville.

Pas de contrôles d’identité non plus.

Pour les fonctionnaires des services dédiés à l’anti-criminalité, ne partir en aucun cas à la chasse au délinquant, attendre qu’il vous tombe dans les bras.
N’intervenir que sur appel, ou si un flagrant délit a lieu dans le périmètre visuel de l’équipage.

Voilà. Ce n'est pas plus compliqué que ça.

Bénédicte Desforges

#actu police

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D
Bonjour Béné...<br /> <br /> du jamais vu.. et ça a fait du bien, même si ça aura fait long feu.. Pour ne pas dire que ça va mal, on dira, que ça va pas terrible en France....<br /> Biz..<br /> Denis
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D
Il ne s'agit pas d'un mouvement gréviste me semble t-il (qui serait vite cerné)?, mais d'une réaction spontanée "du raz le bol généralisé de l'injustesse". <br /> Ce que je trouve bien préférable. <br /> <br /> Nocif
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D
Pour une fois, je suis entièrement en coeur avec la réaction logique de la police "F"rançaise. <br /> J'espère qu'ils se feront entendre et comprendre et finiront par imposer la réalité à ceux qui engraissés la déforme.<br /> <br /> Nocif
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J
Autre question (désolée, rien ne m'arrête !) : cette grève du zèle semble ne concerner que les policiers "de terrain", ceux qui partent en mission, tout ça... Or ces histoires de procédures<br /> concernent aussi les policiers des autres services, comme le CRA, où il arrive fréquemment que des rétentionnaires drogués et violents soient libérés sous le prétexte qu'un papier a été mal rempli.<br /> Cela n'est-il pas en rapport avec les revendications des grévistes ?
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B
<br /> <br /> "il arrive fréquemment"... non.<br /> Allez jouer les ingénues plus loin, ça ne prend pas.<br /> <br /> <br /> <br />
J
Excusez-moi alors, j'ai dû mal comprendre la phrase "Pas de contrôles d’identité non plus (ni de contrôles au faciès, mouarf..)" que j'ai prise pour une touche d'ironie visant à critiquer le fait<br /> que les contrôles de faciès sont interdits.<br /> Je suis cependant rassurée que ce ne soit qu'une erreur d'interprétation de ma part ! Au temps pour moi, et bonne suite dans votre lutte.
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B
<br /> <br /> C'est ça, vous avez mal compris.<br /> Comme vous êtes drôle...<br /> <br /> <br /> <br />
J
Je comprends et soutiens vos revendications, seulement comment pouvez-vous revendiquer fièrement, sans vous poser de question, le contrôle de faciès ? Ma conjointe, qui est ADS, m'a dit que le<br /> contrôle de faciès n'était qu'une légende, que les policiers ne contrôlaient que les gens qui les regardent avec insistance et avec un air méfiant, et que le hasard faisait que c'était "quasiment<br /> toujours des arabes". Défendez-vous cette opinion ? Parce que moi, petite blonde aux yeux bleus, j'ai essayé de regarder avec insistance et un air méfiant tous les policiers que je croisais... Et<br /> je ne me suis jamais faite contrôler.
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B
<br /> <br /> Je ne vois pas le rapport entre la grève du zèle et le contrôle au faciès, et je trouve votre façon de relier les deux un peu limite.<br /> Le contrôle au faciès sera évoqué dans un prochain article ici, mais je ne défends évidemment pas le point de vue de votre conjointe.<br /> <br /> En attendant, arrêtez de regarder les flics avec cet air-là, il y en a bien un qui finira par penser que vous aimez l'uniforme.<br /> <br /> <br /> <br />
F
Petit rassemblement à midi place bellecour à LYON avec les collègues et en civil.......petit défilé.....j'y étais et j'étais fière d'y être......
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A
Rumeur ... Petit défilé prévu le 11 mai à Strasbourg, entre Place de la République et place Broglie.<br /> <br /> Ridicule, mais si pour une fois que l'alsace se bouge ...<br /> <br /> Vive la solidarité sur Paris !
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S
Anecdote aixoise datant d'une quinzaine de jours.<br /> Un futur marié a été grimé en bébé par ses potes et lâché en ville. Bonnet de nuit, tétine, couche, biberon, la totale. Depuis une terrasse de café, nous le voyons se faire alpaguer par des<br /> policiers en faction près du marché qui se tient non loin, comme tous les samedis.<br /> Les fonctionnaires, tout en réprimandes, lui enjoignent de préciser ce que contient le biberon, lui rappellent que l'outrage aux moeurs n'est pas loin, et j'en passe. Il n'en mène pas large, big<br /> baby. Il reste bien adossé à la portière de la voiture, tout flanqué qu'il se trouve par trois costauds galonnés au regard d'acier. D'ailleurs il se laisse faire bien docilement lorsqu'ils<br /> l'embarque.<br /> Les potes de l'infortuné sont morts de rire, quoiqu'à bonne distance. La voiture de police et son délinquant s'éloignent, les potes se rapprochent des policiers restés en faction et là, on commence<br /> seulement à comprendre ('fin moi j'avais compris plus tôt, sisi je vous jure...) que c'est un vaste coup monté : les policiers qui ont parfaitement surjoué un rôle de garde-chiourme répressif et<br /> hermétique à l'humour potache, tombent le masque et éclatent de rire. A la terrasse du café, c'est un silence gêné - faut dire que les commentaires alarmistes et scandalisés n'avaient pas manqué au<br /> préalable - puis ça finit par se détendre.<br /> La voiture de police revient, le gros bébé est relâché, on lui rend son bib'. Faudra probablement changer sa couche : il ne réalise pas complètement que tout cela n'est qu'une farce et il est<br /> encore tout fébrile.<br /> Je sais que la police n'est pas là pour faire mumuse avec les citoyens, mais ça fait quand même du bien de se détendre un brin. Je suppose que, parmi les clients du café, certains on peut-être vu<br /> là une preuve que ces gens en uniforme sont aussi des humains. Oui, certains en doutent.<br /> <br /> Bref, un excellent moment vécu dans ma ville, que n'aurait peut-être pas permis l'application d'une grève du zèle. (Oui, fallait que je retombe là-dessus pour ne pas être totalement hors-sujet.)
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E
Je dois être un des rares « bobosgauchodroitdel’hommiste » a ne pas me sentir effrayé par une manifestation illégale et spontanée de policiers en France… Pourquoi ? Parce que globalement, même si<br /> ils votent en majorité à droite, les policiers français sont républicains, engagés et compétents et je ne vois pas pourquoi ne pas leur faire confiance a priori.<br /> Je ne vois pas l’intérêt de se focaliser sur les quelques alcoolos, planqués, incompétents, fachos ou cow-boys, et d’en faire des amalgames pour toute la police, sinon ca revient aux mêmes<br /> arguments stupides que celles et ceux qui tirent des conclusions hâtives sur la délinquance, les roms, les rebeus… Cette manif ne me dérange pas non plus, je la trouve même salutaire, car parfois,<br /> « nécessité fait loi », avec la même tolérance que celle octroyée à des salariés excédés par des pratiques de patrons voyous et qui finissent par les séquestrer, ou occuper leur usine, ou les<br /> militants du droit au logement qui occupent des bâtiments vides, etc. Quand la République est en danger, il me semble que la légalité stricte passe après…<br /> Je n’y vois pas de corporatisme mais un gros raz le bol, car pour qui s’y intéresse, les signaux précurseurs ne manquaient pas depuis quelques temps. Je trouve plutôt assez lamentable que la gôche<br /> et la population ne s’y associent pas.
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B
<br /> <br /> Quand des policiers étrangers manifestent dans leurs villes, tout le monde ici trouve ça so hype, tellement courageux, tellement indigné, et que c'est tellement sain de s'affranchir comme ça,<br /> juste le temps de gueuler un coup, de son autorité de tutelle.<br /> <br /> Mais en France, attention, halte au fascisme, des flics qui manifestent c'est forcément un attroupement armé, et donc menaçant, et qui fait pression sur la vulnérablme justice...<br /> Il n'y a pas plus d'attroupement armé que de beurre en broche, ce sont des gens qui manifestent avec leur bleu de travail et sans rien casser, eux.<br /> <br /> <br /> <br />
D
ça me rappelle la "grève" des pompiers à une époque, qui assuraient les urgences, mais plus du tout l'administratif. Ils ont fini par gagner et se faire entendre, ce que je souhaite à tous.<br /> <br /> Ce qui me 'fout sur le cul' dans l'histoire, c'est ce règlement. Il est authentique ? Je veux dire: vous êtes VRAIMENT censés inspecter la bagnole de fond en comble chaque matin pour pouvoir<br /> l'utiliser ? Je sais que dans la fonction publique, on marche souvent sur la tête, mais tout de même... Remarque, c'est vrai qu'on ne pourra en aucun reprocher à un agent de l'appliquer à la<br /> lettre, parce qu'au fond, ça fait partie de son job... ;-)
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A
Ca tourne : Mais il y en a toujours pour ne pas participer "ça sert à rien" " j'ai peur" etc..
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J
Bonne idée. On va pouvoir vérifier si la baisse des contraventions et des GAV pour un oui ou un non entraine une hausse de la criminalité et du sentiment de peur dans la population.
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C
et gazer le trottoir par la fenêtre du véhicule, sans s'arrêter. Assez fréquent par chez moi, comme _grève du zèle_.
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L
Béné a parfaitement raison, personne ne peut reprocher à quiconque la stricte application des textes et des consignes.<br /> <br /> Un an à ce régime et on verra la chute spectaculaire des statistiques sinistres qui n'intéressent personne : 50 suicides, 22 tués et 12000 blessés par an.<br /> <br /> En plus, ça aura des vertus certaines sur le plan économique.<br /> <br /> Béné dervait être décorée pour avoir appelé au respect des textes et consignes. Merci, Béné !
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S
Faites bien attention quand même.<br /> La grève du zèle peut facilement être considérée comme de l'insuffisance professionnelle (voir une faute professionnelle). Et une amie de la DIRECCTE m'a appris récemment que les licenciements de<br /> fonctionnaires n'étaient plus choses rares.<br /> <br /> En temps normal, je n'imagine pas que quelqu'un serait assez bête pour remettre le feu aux poudres en sanctionnant un mouvement de protestation légitime. Mais on est en période électorale. Même si<br /> N.S., qui voit des complots de la Gauche partout, ne se sent pas visé, des hiérarchiques zélés pourrait vouloir se démarquer.<br /> <br /> Enfin bref, faites gaffe.
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B
<br /> <br /> Ca m'est arrivé dans mon passé de GPx pourtant prompt à faire du zèle de patrouiller des semaines entières sans voir le moindre délinquant, ni constater la moindre infraction au code de la route.<br /> Et idem pour tous les collègues de ma brigade.<br /> On ne saura jamais si c'était une grève du zèle ou pas.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Bon sang, c'est si simple.<br /> <br /> On se demande pourquoi ca ne se pratique pas plus souvent.
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A
J'ai connu de vieux cyclistes,dernières hirondelles, pour qui la "grève du zèle" que tu décris, était la façon de fonctionner au quotidien.<br /> Leur principale activité était la recherche de véhicules signalés volés,pour toucher la petite prime que les assurances versaient...<br /> Mais nous étions nombreux et cela ne nuisait pas à la bonne marche du service.<br /> Ceci dit la Police doit évoluer ,s'adapter et même être en avance sur son temps et sur les mentalités.<br /> Je suis en retraite mais solidaire du combat actuel des collègues du 93 et d'ailleurs. Il leur faut mettre à profit cette période de changements, pour exiger des politiques, les effectifs, le cadre<br /> légal, les moyens matériels ,les locaux,indispensables à une Police forte, juste et efficace. Je suis prêt à descendre dans la rue pour les aider et les soutenir.<br /> Merci à toi Bénédicte, pour tout ce que tu fais.
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O
Merci Béné pour cette piqûre de rappel car beaucoup avaient oublié la signification de ce terme. Je vois que toi, non !<br /> Biz et continue
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