Alliance : petits arrangements entre amis
10 Juillet 2010
L’article du Point n’a guère besoin de commentaires.
Un syndicaliste qui monte en grade, c’est un peu comme un parlementaire qui se vote une augmentation ou petite prime entre soi. Ça va tout seul, ça ne se discute pas puisque tout le monde est d’accord, c’est non négociable avec ceux qui t’ont élu, et ça ne peut même pas s’appeler "magouille" puisque c’est partie intégrante de la règle du jeu.
Et quand un syndicat est très proche de la majorité au pouvoir – pour ne pas dire qu’il est son petit bras armé (pour ne pas dire aussi : diamétralement opposé à la notion de contre-pouvoir) – la chose se passe encore mieux, avec un sourire béat sur la face des promus et sans aucun scrupule.
Voyons voir...
Nous avons là une police nationale qui a commencé une lente asphyxie, faute de moyens, d’effectifs et de projets. Au point d’ailleurs, que les deux syndicats d’officiers (Synergie et SNOP) viennent l’un après l’autre d’indiquer à leurs adhérents et collègues, la façon d’obtenir la prime d’indemnité de départ volontaire. C’est dire comme ça sent le roussi. Des syndicats professionnels qui vous donnent la marche à suivre pour dégager, le mode d'emploi de la démission, c’est plutôt surréaliste.
Les effectifs de police sont démotivés comme jamais ils ne l’ont été. La majorité des flics préfère aujourd’hui être des fonctionnaires que des policiers. Encore une fois, courage fuyons. Fuyons le sens de ce métier, trahissons notre vocation puisqu’elle nous a trompés, ne nous posons pas trop de questions car nous ne pourrons être que déçus. Et puis, à bien faire son boulot on ne récolte que des emmerdes. Appliquons les quotas, baissons la tête, et efforçons-nous de rentrer entiers à la maison.
Et au milieu de tout ça, on nous donne à observer des syndicalistes faire la fête du galon, devenir des chefs – préfet, même…- sans jamais s’être sali les mains à la crasse du terrain - ou si peu – et se préparer une retraite plus juteuse que celle des petits camarades du même grade.
C’est indécent. Indigne du mandat de représentativité qui leur a été confié.
Et si ce n’est pas nouveau, c’est de plus en plus mal perçu et on le comprend.
Il y a comme une distorsion entre la carrière et l’avenir radieux de ces gens-là, et le mérite complètement anonyme de ceux qui travaillent, font de la police au quotidien, et payent des cotisations syndicales comme des assurances-vie au cas où.
Le plus triste est que tout ça n’a plus vraiment d’importance.
La véritable alliance – entre la politique, ce syndicalisme et une base qui n’a pas eu d’autre choix que de transformer sa déprime en indifférence – a consisté à laisser filer les prérogatives de la police nationale.
Le nez dans le guidon, quand on nous montrait la lune, on a regardé le doigt. [lire]