La véritable identité de Brad-Pitt Deuchfalh,
20 Décembre 2007
ben on ne la connaît pas, et on s'en fout !
Il y a des choses plus intéressantes que l’état-civil d’un auteur, non ?
Son livre, et ce qu'il y a écrit dedans par exemple…
J’ai parlé du blog là, juste avant que le livre sorte en librairie. Et comme j’avais aimé le blog évidemment j’ai aimé le livre. Et comme j’ai aimé le livre, j’ai suivi son actu sur la blogo et je me suis amusée des réactions des z'uns des z'autres.
Beaucoup de fans bien sûr. Mais j’ai relevé que ce qui intriguait pas mal de monde était la non-identité de Brad-Pitt Deuchfalh.
Brad-Pitt c’est le point d’interrogation. C’est un piapiapia récurrent dans la communauté des blogueurs. A un point que, souvent, du bouquin certains n’en retiennent qu’un anonymat qui agace.
Et c’est quand même marrant que dans un monde constitué presque exclusivement de pseudonymes et d’avatars, et qui s’en satisfait plus que bien, l’anonymat d’un blogueur-auteur perturbe à ce point.
La blogosphère et tout le tremblement, l’espace de toutes les libertés ? Tu parles ! Mais c’est d’un conformisme tout ça !
On veut bien célébrer les atypiques mais seulement s’ils sont agréés. On cultive l’ethnocentrisme bloguien pour disculper les égocentrismes individuels, alors quand un Brad-Pitt renonce à un narcissisme de contexte in real life, ça énerve. Et ça énerve d’autant plus, que ça cache forcément quelque chose, au vu de ce qui s'écrit un peu partout.
Et quand l’intelligentsia, les grands maîtres à penser de la sphère - ceux du genre à ânonner trois lignes d’introspection, ou un jet d'acide à la gloire de leur propre pertinence à parler de tout ce qu'ils seraient incapables de faire, le tout pour la statistique et la visite de leurs courtisans quotidiens - se penchent sur la prose de BPD pour tenter une définition de la littérature d’aujourd’hui et de demain, on se demande où se trouve l’imposture.
Brad-Pitt Deuchfalh, c’est l’avatar absolu et un auteur à part entière.
Brad-Pitt Deuchfalh est Brad-Pitt Deuchfalh. La belle affaire… L’avatar sort de la blogosphère en publiant un livre, et ne se plie pas à l’usage du coming-out. Il ne se montre pas. L’avatar ne décline pas son pedigree, ses goûts et ses couleurs. L’avatar ne fait pas comme tout le monde. Il est connu en restant inconnu.
L’auteur talentueux de la vraie vie d’un garçon de quinze ans, et roi de la déconnade joue le jeu jusqu’au bout.
Merde, mais que ça fait du bien !
Pourquoi ne pas voir une forme d’humilité à rester en retrait de son œuvre ? A laisser parler l’écrit et se considérer comme le simple porteur d’une histoire ?
Pourquoi faut-il toujours une explication à tout ?
Qu’est ce que ça peut faire que l’auteur soit hermétique quand ce qu’il donne à lire est tellement généreux et touchant ?
Et si l’anonymat était une façon d’aller plus loin dans le récit ?
Moi j’ai aimé que l’auteur de ce livre (et du blog) soit anonyme.
Tout au long de ses rocamboleries et insignifiances, il est Brad, il n’est que Brad. L’auteur est le personnage au moment où il raconte. Aucune superposition d’image sur celle qu’on imagine de Brad le narrateur. Il peut y avoir symbiose d'imaginaires. Pas de parasitage.
Ce livre est une merveille. Le Petit Nicolas peut aller se rhabiller. Je préfère ranger La Vie Rocambolesque et Insignifiante de Brad-Pitt Deuchfalh à coté du Petit Prince ou de Tistou Les Pouces Verts. Tous les secrets de l’enfance habitent ce livre.
Une lecture pour tous ceux qui ont été des enfants et des adolescents.
Et pour les enfants et les adolescents.
Et pour Noël, ça le fait aussi.